A la saint Gautier, faites ce qu'il vous plaît, sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez !
Nous partîmes donc vingt et, sans le moindre renfort, nous nous vîmes vingt encore en arrivant au port. Port d'Aharza, bien situé à 734 m, où nous laissâmes les quatre voitures multicolores sur une grasse pelouse. Le soleil de 9 h 45 et l'air vif nous accueillirent fraîchement. Nous nous retrouvâmes, Oylanrandoy (930 m) dans le dos, près d'une admirable œuvre d'art en béton, sorte de camp d'entraînement pour brebis qui fonctionne probablement de temps à autre.
Quelques chevaux désoeuvrés baguenaudaient dans les environs.
Les deux dernières guerres mondiales, la crise de 1929, le choc pétrolier et enfin la crise des subprimes d'Amérique du Nord, n'ont heureusement pas permis la mise à 2 fois 2 voies du GR 10 sur la totalité de son tracé. Ni l'installation de barrières de péage.
Cependant, pour ne pas emprunter ce GR, pourtant très réputé dans sa partie déjà goudronnée, notre guide entreprit de nous faire contourner par la droite le redoutable pic de Munhogain qui culmine déjà à 934 m. Au début, tout se passa bien. Mais un événement naturel, indépendant de sa volonté, avait dévié un tantinet le chemin. Dans le bois, un peu de hors-piste pentu sur faînes, feuilles et brindilles de hêtres ne nous fit pas de mal, affermissant nos appuis au sol pour la journée. Nous atteignîmes bientôt le col de Leizarze (828 m) où se donne à découvrir un charmant pré en forme de joli coeur.
Rejoignant le GR, nous poussâmes jusqu'à une récente bergerie industrielle (933 m), qui n'a pas droit à l'appellation contrôlée de borde. Là furent absorbées bananes et douceurs, à l'abri d'un talus habilement disposé.
Dès qu'il s'élève, le promeneur prend conscience de l'important réseau routier qui irrigue la montagne, se perdant au milieu de nulle part et permettant principalement de rejoindre confortablement les postes de chasse qui sont myriade sur les crêtes.
C'est sur le flanc de cette montagne que le groupe se fit tirer le portrait, au franchissement de l'isoplèthe d'altitude 1000 m. Une coutume d'ailleurs bien sympathique puisqu'elle permet le regroupement de la colonne étirée ainsi qu'une plaisante respiration conviviale…
Quatre ou cinq plaques de neige survivaient sur notre gauche quand nous entreprîmes sur gazon l'assaut final de l'Adartza dont nous avions aperçu souvent le sommet, l'extrémité ou la corne, depuis le début de notre approche. Quelqu'un d'avisé employa alors fort à propos une belle formule qui échappe au rédacteur de retour dans la plaine. Traduite en raffarinade, cela pouvait vouloir dire à peu près : «la route est droite, mais la pente est raide». Il me semble maintenant que s'y ajoutait une dose de volonté. En tout cas, c'était bien dit.
Chacun à son rythme, les premiers applaudissant les suivants qui acclamèrent à leur tour les derniers, tout le groupe parvint au Nirvana. Peu avant 13 h, nous établîmes notre camp sur les pierres éparses des ruines de bâtiments énigmatiques autrefois construits sur cette montagne d'une hauteur considérable de 1250 m.
Beau spectacle. La brise, soudain plus molle, ne vint pas faire obstacle aux agapes qui furent très réussies. Des chansons (cliquez sur ce mot souligné ) furent même entonnées sans que la pluie s'abattît sur nous.
Que dire du paysage ? En plus d'un somptueux tableau circonférentiel, ce fut une leçon de géographie : toutes les vallées, les villages, les crêtes et sommets attendus furent au rendez-vous. Et d'histoire : nous remontèrent à l'esprit de multiples randonnées passées, dont nous décelâmes les tracés par l'observation émue de points remarquables. Un jeu improvisé consista à deviner, dans ce paysage étendu, où pouvait bien se dissimuler ce transformiste de pic de Béhorléguy.
Du haut de l'Adarza, avant de prendre le chemin du retour, peu après 14 h, peut-être quelques observateurs du groupe eurent-ils le coeur serré en se rendant compte des périls encourus par la future mère de Francisco Javier, quand, encore toute jeune, n'ayant pas vu le loup, elle devait toutes les semaines, depuis sa riche maison d'Azpilkueta, porter une galette et un petit pot de beurre à sa possible amatxi de Baigorry.
La descente se fit, dans une douce chaleur printanière, presque par le même chemin qu'à l'aller, jusqu'au col de Leizarze. De ce magnifique endroit, nous continuâmes sur le GR10 par une vive mais courte montée qui nous fit rattraper sa partie roulante jusqu'à notre point de départ. Rassurés, nous nous surprîmes même à plaisanter, à propos d'une bière, sur l'adjectif «petit» qu'on peut mettre à toutes les sauces. A 16 h, nous rejoignîmes nos voitures.
Encore une excellente journée où personne ne dit du mal sur personne. Parcours adapté. Remerciements à Anita qui arriva, seule, à se mettre en quatre pour faire plaisir à tout le monde et aux conducteurs et trices qui firent preuve d'une grande maîtrise sur route sinueuse, les deux mains sur le volant, ne pouvant pas se boucher le nez comme le firent leurs passagers.
Rencontres.
Trompette de méduse narcissus bulbocodium, épatante anémone hépatique hepatica nobilis, gentiane, violette, pâquerette...
Cheval, mouton, vautour, chien, paysan, autre randonneur...
Tracteur, tonne à purin, 4x4, poste de chasse...
Environ 11 km : + 670 m.
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