Ira, ira pas ? Nous sommes quand même neuf à essuyer quelques gouttes à Marouette. Bof ! On en a vu d'autres… En route vers Sare.
Parking inférieur (170 m). Des débroussailleurs-forestiers finissent de s'équiper ; tronçonneuses, haches, masses, coins… Ce spectacle matinal fend le coeur.
Il fait maintenant presque beau. Mais frais.
Barrière. Escalier habituel dans le bois. Peu après. c'est la royaume des touyas, des ruisselets gonflés par les dernières pluies et des bordes dispersées sur les coteaux.
Jacques nous fait visiter un bar au comptoir tapi derrière un gros rocher. Sa cave est dissimulée par une trappe secrète qu'il vaut mieux ne pas soulever. Le contenu de cette caverne va enrichir la Nivelle.
Nous passons dans le canyon Urioko erreka. Belles roches abruptes au flanc du Saiberri. Ce torrent si doux est aujourd'hui furieux et nous barre plusieurs fois la route. Infranchissable. Cascades.
Il faut donc monter en restant rive droite, pleine pente dans les fougères et les ajoncs, sur des sentes puis sur un sentier plus marqué jusqu'à un col (460 m) derrière lequel se blottit la borde exotique Loretxoa.
Poème gravé, source, tables et bancs de pierre, surveillés par une vierge qui n'a pas encore baissé les bras contrairement à son ancêtre la Vénus de Milo.
Nous mangeons un peu devant la borde bâtie sur une plate-forme située quelques dizaines de mètres plus haut (510m). Il fait froid et nous bravons un court épisode de pluie07. froide. Toujours plus haut, cheminant au pied des falaises, nous voyons les constructions blanches du col de Lizarrieta, la ferme Ainatarbe et son enclos à nos pieds, puis le col des Trois Bornes, enfin toutes les montagnes du sud. Nous passons soudain en Espagne.
Le soleil daigne nous réchauffer, par moment. L'air froid de France ne passe pas la falaise.
Un ou deux pierriers avalés promptement et nous voilà au pied d'un petit collet vite atteint (680 m) par un sentier bien agréable, même si nous sommes pour peu de temps contraints de tourner le dos au grand spectacle de la Navarre. Cette belle province espagnole mériterait l'indépendance. Autosuffisance énergétique par l'exploitation raisonnée de ses tourbières. Possibilité de conclure des traités de défense et de commerce avec la récente Principauté de Laàs, en devenir, et avec la République libre du Saugeais, en pleine expansion.
Dès que nos têtes dépassent la crête, c'est du vent et des gros blocs jetés n'importe comment sur des herbes luisantes et glissantes. Repassant en France, nous gagnons le sommet de l'Atxuria et ses cairns super-décoratifs engraissés par nos soins (758 m), toujours en nous amusant et en nous riant des difficultés. Paysage royal. Admirable. Des sommets pourtant familiers ! Il est l'heure de manger mais c'est impossible en haut en raison du vent plus mordant que jamais.
Retour au petit col et repas pris à l'abri sur la face sud, de nouveau en Espagne. Dans une écurie-bergerie sans toit, au revêtement de sol encore fumant.
Un peu de soleil sur des murs de pierres, des gâteaux et du chocolat, du vin. Tout cela fait monter la température des convives. Si bien que tout le monde est revigoré pour la descente prudente vers la tourbière immense d'Ibaineta, sauvage. Le col du même nom, équipé depuis des lustres de dolmens et cromlechs (511 m), permet de basculer face nord dans le bois de mélèzes, à saute-troncs, sur sentier ruisselant, puis sur piste bétonnée, vers Gaineko borda et ses petits lapins de terre si attendrissants. Tout le monde avance à l'unisson.
Visite d'une maison en chantier, toute de cuivre et de pierre parée, surveillée par le paternel du propriétaire qui patrouille inlassablement avec son pick-up. Inattentifs, nous avons déjà loupé une bretelle de sortie et sommes désormais obligés de suivre la route presque jusqu'à l'entrée de Zugarramurdi. Sur le retour, visite des grottes où l'on banquette généralement au détriment des agneaux et des cochons de lait, à l'abri des UV. De nouveau en France.
Retour peinard vers les voitures, au bruit des convoyeurs de graviers de la carrière enragée qui attaque et dévore, comme une meute de clébards, la base de cette trop tendre Peña Plata, si plaisante.
Pélerinage au musée où des artistes contemporains ont figuré d'anciens Basques en pagne, larges d'épaules, à l'échelle 2, occupés à cuire un de leurs défunts. La reconstitution ne semble pas inclusive. En effet, les créateurs du musée n'auraient pas osé montrer des femmes avec deux bérets béarnais sur la poitrine.
Remercions Jacques et le ciel pour le parfait déroulement de cette chouette rando.
Distance : 12,6 km. Dénivelé : 670 m.
JEAN-LOUIS L.
Les photos de Marie-Claude et Jean-Louis.