Bis repetita placent.
Peu de monde ce matin à Marouette. Il est vrai que le rendez-vous est fixé de bonne heure et qu'il y a de la crête au menu. La journée promet aussi d'être chaude. La région se trouve loin de la brise marine. Nous ne serons que six (saluons le retour de Tony), dont trois faisaient partie de la précédente équipée, à nous rendre en voiture exactement au même endroit qu'il y a une semaine (390 m). La piste n'a pas été goudronnée dans l'intervalle. Cette fois, nous passons à pied le pont sur Intzarrazguyko erreka. Il est 9 h 30.
Les tenues estivales sont de sortie, colorées ; un défilé de mode sur un podium grandiose. C'est aussi un festival de jolies jambes qui vont avoir de l'ouvrage. La piste monte tranquillement. Nous laissons Etchebarnea à droite pour foncer, par l'est, à l'attaque de la bosse cotée 796. La piste s'évanouit, annexée par le fermier du coin. S'ensuit un rude démarrage sur une faible trace, car la clôture d'une vaste pâture nous oblige à monter dans l'herbe et pleine pente. Respiration à la bosse qui domine déjà presque tout l'environnement, dont le bois d'Arthekachabale. Il est 10 h 40.
Ciel bleu. Luminosité. Netteté des lointains. Admiration du paysage. Repérage de vaches, de moutons, de fermes, de bordes et d'un groupe fourni qui s'élance sur notre chemin d'il y 8 jours. Explications d'Anita sur ce qui va se passer. Le GR10 du retour paraît bien sec, au ponant, sur l'autre versant de la vallée ! Petit coup d'eau. On descend légèrement sur la face ouest pour achever le contournement des barbelés.
L'herbe laisse place à la roche. Il faut un peu s'accrocher aux galets qui dépassent du béton naturel pour gagner le premier petit sommet à 860 m. Nouveau repos, à la pointe du bois de chênes, le temps de peler le fruit exotique.
Par la suite nous avancerons presque comme des funambules, de sommet en sommet au début, puis contournant habilement les plus hauts, nous élevant lentement, buvant souvent et cherchant la bonne trace encore plus souvent. Les franchissements de barres rocheuses et les pas en devers au milieu des fleurs commencent à peser, surtout dans le mental.
Malgré tout, sur le coup de 12 h30, nous sommes au col sans nom (1060 m) à l'ouest du pic d'Irau (nommé ainsi en l'honneur des fougères) que nous avons eu en point de mire presque tout le temps même si l'échine qui monte vers lui fait un petit coude. Débouché vers le grand sud. Urkulu, Errozate, Arthaburu, Aranheguy, Occabe, le haut de l'Orhy et j'en passe. Cette fois, pas un nuage, pas moyen de se cacher. Toutes ces montagnes nous appellent !
Le GR10 du retour, exposé au soleil comme nous l'avons constaté tout au long de l'aller, peut-être un petit coup de moins bien, la belle lumière, les vautours redoutables, les estomacs en demande, tout concourt à ce que personne ne souhaite vraiment faire les quelques dizaines de mètres qui nous séparent du sommet. Nous descendons donc jusqu'à rejoindre la D 301 bien connue, à proximité d'Harlepo, à l'endroit où le GR fait le grand plongeon et où un néo-fabricant de fromage s'est installé dans une ravissante borde…
A l'orée du bois d'Aluipurdi, le campement est établi à l'ombre d'une grosse roche où nous déjeunons bien volontiers, devisant gaiement de choses et d'autres, souvent futiles. Il fait chaud. Le repos se prolonge jusqu'à 14 h 00, comme si personne ne voulait descendre. Pas comme les deux personnes vêtues de noir qu'on a vu passer pendant le repas.
Le camp est levé. Descente, classique, avec précaution, par moment sous le couvert et dans les feuilles mortes, jusqu'à la première borde d'Intzarrazguy (vers 650 m) où une piste est à notre disposition. Repos à l'ombre. Le dernier brûlis pastoral est encore bien marqué sur certains coteaux voisins. Nous venons de croiser un randonneur parti d'Hendaye depuis samedi, un peu chargé, s'abritant à l'ombre du seul arbre peuplant le bas de la pente. Pour nous, pas de pont directement disponible. Un petit détour vers le sud le long de superbes gorges. Les quelques arbres de la ripisylve dispensent un peu d'ombre, à condition de marcher sur la berme. La piste remonte de façon très humaine, avec à l'aplomb de nos têtes le col d'Oyhanbetze et l'Heguieder. Sur notre gauche, la redoutable suite de rocs qui nous a divertis ce matin. Des nuages amicaux, apparus subitement, sont très bien accueillis dans ce paysage en fusion.
A 820 m, nous parvenons sur la route qui va du col d'Arthe vers Phalgacette ou Kaskoleta. Autour d'une belle prairie à la forme rappelant l'Ovalie du sud-ouest, sont plantés là quelques cayolars. La zone est envahie de blondes d'Aquitaine aux formes avantageuses qui folâtrent dans la belle herbe de montagne. Nous cherchons vainement un distributeur d'eau potable, à défaut d'une machine à bière. Rien de tout cela n'est apparent. Il est temps d'abandonner ce fichu GR pour suivre le moutonnement des buttes d'Ithurammburu jusqu'à un collet entre les cotes 858 et 811. Le temps de repérer dans le nord, sur un promontoire de Gasnatequiko malda, le toit rouge d'une borde rénovée et suréquipée qu'il est possible de louer à la belle saison.
Descente rapide dans le vallon. Repos sous de grands hêtres, près d'un chaos de rochers, dans un lieu agréable qui doit servir de point de ralliement pour nourrissage de troupeaux tant le sol boueux porte de traces. Nous apercevons quelques bordes cachées dans patchwork de petits bois et de prés, défilons devant une autre, bien exposée, gagnons une piste et enfin une route peu avant Sallaberria (588 m) où un tracteur s'active dans un champ. Ensuite, c'est une dégringolade effrénée vers Etchebarnea. Blottie dans une encoignure, nous attend ici une maison de poupée, annexe de la grosse ferme si disgracieuse. Elle serait habitée, non par des nains, mais par un grand-père retraité des travaux de berger qui a souhaité garder son indépendance.
Le groupe aperçu ce matin a regagné le parking quelques minutes avant nous. Les bonnes places à l'ombre sont prises. Il est 17 h 45. Changer de chaussures n'est donc pas des plus agréables. Il fait maintenant très chaud. Nous buvons les réserves d'eau et aérons les voitures-étouffoirs.
Bonne idée d'Anita. Merci pour cette magnifique promenade. Paysage splendide. Les ressources du pic d'Irau sont décidément inépuisables. Très beau temps. Suivant l'exposition, il y a eu toujours un minimum de vent, ce qui a facilité la marche.
Halte pour certains à Esterençuby. Le tenancier, qui parle français parfaitement, indique être l'heureux propriétaire d'un cayolar et d'une chasse là où nous avons espéré de l'eau. Il précise que le Syndicat du Pays de Cize, qui veille à tout, a justement installé un robinet d'eau potable adossé à la clôture du si joli pré ovale, prenant ainsi soin de la santé des randonneurs de GR10. Dont acte !
Pour Marouette, nul encombrement.
Distance : 15,6 km. Dénivelé : 1018 m.
Jean-Louis.
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