Ichterbegui ou Isterbegui depuis Urepel, le jeudi 20 novembre 2014.

Beau temps assuré. Courant d'air vivifiant prévu. Programme poétique, sportif et alléchant. Affluence : 20 randonneurs. 4 voitures stationnées sagement sur la plaza mayor d'"un village au fond de la vallée, comme égaré, presqu'ignoré". Urepel, fort de plus de 300 âmes, devenu commune en 1862, dont on peut dire qu'on y a mis au point l'eau tiède et dont l'église est consacrée à la bien nommée Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie. Car dans le coin, ça monte ! L'ensemble, au patrimoine architectural sobre et authentique, trouve sa place au soleil, au centre d'un cirque, à 414 m d'altitude, selon l'IGN.

Les explications d'Anita retrouvée sont très claires. Nous allons là-haut, sommet pelé, au dessus du bouquet des 4 arbres !

La Nive des Aldudes est franchie sur un pont disposé près d'un moulin qui a eu mouliné dans le temps. On tire à gauche pour passer devant Xalbadorenea (512 m), la maison du célèbre bertsulari ou bertsolari local.

Et puis, tout en devisant de choses et d'autres, nous voilà à la pause banane, sur un replat boisé, près de la ruine impressionnante par sa surface au sol, dont le nom est Jakaluzen borda (environ 710 m). Le plateau nord de Patarramuho est rapidement atteint, à la limite d'un enclos de pierre (environ 830 m)

Rendre visite à la borde de Xalbador est une obligation morale pour le groupe de poètes du jeudi. Une légère descente sur un beau sentier, face à l'Iturrumburru (1332 m) et à l'Adi (1458 m) placés de l'autre côté de la l'étroite vallée de l'Imilizteguiko erreka, nous y conduit joliment. Les pentes recouvertes de hêtres sont vraiment indescriptibles.

La borde de Xalbador, plus connu à l'Etat Civil de l'an 1920 sous le nom de Fernando Aire Etxart, est on ne peut mieux située (825 m). C'est une ravissante bâtisse, avec terrasse en planches sur la vallée, barrière anti brebis, portillon rotatif et niche pour le chien. Tout a été pensé pour faciliter la vie du poète qui se trouvait aussi exercer le beau mais solitaire métier de berger. L'intérieur, bien éclairé par le soleil du matin par la grâce d'une meurtrière à rideau basque, est confortablement meublé.

Toute cette demeure d'altitude est chauffée, non point centralement, mais latéralement par une grande cheminée. Le lit est visiblement à 2 places et de bonne qualité ! Les ustensiles ménagers sont encore dans leur jus et on a le sentiment très fort que Xalbador, pourtant mort pour de vrai en 1976, va entrer dans notre dos et déclamer en basque et sur un ton gaillard quelque chose comme :"Qu'est-ce que vous fichez là ?".

Après cette séance de recueillement et de chanson (Xalbadorren Heriotzean de Xabier Lete), le cap est mis vers Korrotako lepoa (848m) après franchissement d'une nouvelle barrière. On traverse la route et on passe devant Biperren borda. Là, quelques chiens de chasse nous font la fête. Ils sont fins connaisseurs des occupations de montagne. Ils ne voient pas passer beaucoup d'êtres humains aussi bien équipés pour la randonnée.

Depuis cette élégante borde occupée au moins par un conducteur de 4X4, c'est chacun pour soi, dans le fort vent du sud-est, dans la pente finale, vers le sommet (1027 m) et la borne frontière 141. A signaler, un cromlech de hêtres fièrement campé à mi-pente. C'est dru et en bonne santé ! Il s'agit du lieu-dit "Les 4 arbres" aperçu d'Urepel. Aussi quelques chevaux, qui se montrent sans retenue, queues et crinières au vent.

Le repas, un peu moins dans le vent, sur des restanques ensoleillées, se passe bien, comme d'habitude. On est servi à la place et fort bien assis. On contemple le panorama à 360 °, en 3D. Pas besoin de lunettes spéciales pour voir et nommer tous ces sommets et tous ces hameaux. Les nuances d'automne sont à peine sorties de la palette de dame nature. C'est à couper le souffle.

Lors de notre plongée vers le sud jusqu'à un collet espagnol à 857 m où finit le semblant de route, on peut observer une grande quantité de vols de grues occupées à franchir au mieux la frontière et les hauteurs inhospitalières.

Du collet, plongée par un agréable sentier en lacets, abrité du vent, en pleine forêt de hêtres d'abord puis de marronniers, parmi fougères et ronces. Jusqu'au ruisseau Regata Cuarenta, affluent de Lohitzeko Erreka, franchi sur un pont submersible non submergé (environ 560 m).

Cela en passant à proximité de Borda Erro et son joli pré (800 m), puis Borda Escribano (640 m). Peu après, retour en France. Un peu de route goudronnée D 158 pour regagner facilement Urepel.

C'est l'occasion de belles rencontres. D'abord, une habitante du Pays Quint qui rentre chez elle, journée faite, tout sourire. Ensuite une bétaillère attelée qui fait la navette. Une ribambelle de joyeux agneaux "tête noire" entre le torrent et notre route. Enfin, deux apiculteurs en grande tenue, vaquant à leur occupation favorite, en voiture, et rigolant derrière leur voile, sans doute en se remémorant cette ancienne sentence du centre de l'Espagne : "Le miel n'est pas fait pour la bouche de l'âne".

Sur notre passage, au bord de la route, les fleurs de printemps nous font un bis avant l'hiver, au grand étonnement des spécialistes du groupe.

Une superbe promenade. Tout le monde est content et en a plein les yeux. Très bon choix d'Anita qui est remerciée par tous.

Distance : 14 km. Dénivelé + = 860 m. Durée : Xhymn.

Jean-Louis L.

Photos:lien.