Jaizquibel, géologie et TVPI.
Mais quel est donc le point commun entre ces trois éléments ? Tout simplement une
balade à thème filmée par le caméraman de notre télévision locale et proposée par Anita.
Voilà donc le groupe " sur son 31" prêt à jouer les vedettes (...!!!) qui se retrouve à
Marouette sous un soleil radieux.
Les voitures sont garées au-delà de Nuestra Senora de Guadalupe, après le kilomètre 12. Les
vingt- trois marcheurs et leur reporter Lionel, abordent la descente vers la mer.
La vue est magnifique .. L'océan et le ciel d'un bleu intense, les barres rocheuses, les rochers tourmentés par
l'érosion éolienne, les pins et les ajoncs en fleur évoquent la Méditerranée ( mais pour moi, la Bretonne, avec en plus l'odeur des algues, j'étais en
Bretagne ! ) ; mais nous sommes bien en Euskadi à peu près à mi-chemin entre Hondarribia et Pasaia.
Chemin faisant nos botanistes nous font découvrir quelques discrètes fleurs qui
émaillent la pelouse maritime au bord du sentier : scilles, potentilles des montagnes, gazon d'Olympe ( armeria maritime) et plein de petites trompettes de
méduse jaunes ....
Au fur et à mesure de la descente, notre géologue Jean-Jacques explique, carte détaillée à l'appui, les différentes roches et leur origine.
Mais le clou de la sortie se situe au-delà de la Punta Biosnar, dans une magnifique crique,
protégée des regards, qui ne s'offre qu'aux amoureux de la nature et de ses secrets. Là, à notre grande surprise, nous découvrons un paysage lunaire : des Paramoudras aux formes étranges semblent
posés là comme par enchantement.
Nous retournons en enfance et imaginons des tortues, un dauphin, un dinosaure, un profil de Basque coiffé de son bérêt, des boules de bowling aux formes parfaites...(Pour celà, allez voir les photos ...) à côté, de nombreuses cavités sphériques semblent avoir été vidées de leur contenu...
L'endroit, propice au repos et nous en faisons un restaurant de luxe !
Nous nous y attardons, prenons des photos, lézardons et entonnons quelques chants basques enregistrés par Lionel et Madosita.
Puis, c'est le retour par un chemin qui grimpe raide sous le soleil de début
d'après-midi. Quelle chaleur pour un mois de mars !
Nous arrivons aux voitures vers 15h30 après une marche de 10km et surtout après
avoir percé quelques-uns des mystères des Paramoudras du Jaizquibel...mystères que nous faisons partager avec plaisir à tous ceux qui liront ce blog.
Claudine A.
PARAMOUDRAS (définition de l’université du Havre)
Mot issu du gaëlique signifiant poire de mer (peura muireach).
À l’origine, ces formations ont été décrites dans des dépôts calcaires.
Il s'agit de silex ayant une forme tubulaire. Les tubes vont de quelques millimètres à une trentaine de centimètres de diamètre et peuvent atteindre une dizaine de mètres de longueur. En coupe, le silex présente une structure annulaire. Au centre, se trouve un tube de 1 à 2 cm de diamètre de craie lithifiée. Le tube peut être vertical (cylindrique, piriforme, en forme d'obus, annelé) ou horizontal. Dans certains cas, on remarque un cylindre en U.
Il s'agit visiblement d'une trace organique à l'origine, celle d'un organisme fouisseur, creusant un terrier. La profondeur de pénétration est parfois assez grande (jusqu'à 3 mètres) et est difficilement explicable. L'organisme ou la trace sont désignés sous le nom de Bathicnus paramoudrae. Bromley pense qu'à l'origine le terrier était gainé d'un tube et qu'il servait d'abri à l'animal (filtreur ou prédateur). L'espèce pouvait appartenir à uneAnnélidepolychète, à unPogonophoreou un Némerte. Au cours de la diagénèse précoce, des minéraux prennent naissance dans la roche et se concentrent autour du tube du bioturbateur. L'animal pénètre dans la boue bien au-dessous de la zone de réduction des sulfates. Il se nourrit de bactéries et fait circuler dans son terrier de l'eau de mer fraîche. En présence d'oxygène et de sulfate, les bactéries décomposent la matière organique. Le métabolisme des bactéries altère les fluides intersticiels autour du terrier. Des zones concentriques à redox différent se développent autour du terrier et il s'y précipite des minéraux.
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Les paramoudras du Jaizkibel , étudiés et décrits par Michel Molia et Carlos Galán, ne correspondent pas exactement à cette définition : ils ne se forment pas dans la craie crétacé, mais dans les bancs gréseux du flysch d’âge Eocène (45 millions d’années).
Cependant, le processus de formation est probablement semblable.
Ces structures sont parfaitement rondes ou cylindriques, montrant que la gravité n’a pas agi : elles se sont donc développées au sein du sédiment en milieu profond (talus ou pied de plateau continental).
La canalisation centrale est présente et visible dans de nombreux cas.
Les boules et cylindres présents sont plus durs que les sédiments encaissants, ils restent donc apparents avec l’érosion.
On arrive donc au schéma de formation suivant :
- dépôt du sédiment encaissant
- terriers d’animaux fouisseurs (vers marins) vivant sous quelques décimètres de sédiments.
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ces terriers sont reliés au fond de l’eau par des conduits ou des tubes chitineux (aujourd’hui disparus) favorisant la circulation d’eau, donc les sels minéraux. Des carbonates vont vraisemblablement diffuser de façon centrifuge par rapport au terrier, et permettre la « cimentation » de la roche en forme de cylindre si cela a lieu le long d’un terrier, ou en boule si cela se forme à partir d’un point.
Jean-Jacques D.
Information recueillie auprès de 2 géologues :
Pierre Mauriaud et Jean Choignard
Les photos :
Jean Jacques : link
Jean Luc : link
Mado : link
Mise en page et texte en vert : Madosita.
Et pour ceux qui veulent en savoir encore plus : link
Le reportage de TVPI : link